Texte et photographies Carlos De Brito

L ARRIVEE DES PREMIERS F/A-18 HORNET EN SUISSE

Le 25 Avril 1997 , Eric Janssonne et moi même nous avons pu nous rendre sur la Base Aérienne de Payerne. Voici quelques photos de ces moments inoubliables par la qualité de l'accueil des autorités militaires suisses et le professionnalisme des démonstrations,  tant au sol comme en vol ..... et cerise sur le gâteau :  les premiers  F/A-18 Hornet suisses étaient présents ! 

LES ALOUETTES III

Les Alouettes III entrent en service  dans les forces suisses en 1964 avec l'acquisition de 9 appareils. Ces nouveaux appareils sont parfaits pour les interventions en montagne mais aussi pour le transport ( 1 pilote et 6 passagers  ). En 1966 : 15 appareils furent acquis chez le constructeur SUD AVIATION Marignane et 60 autres seront montés sous licence dans les ateliers de la Fabrique fédérale d'avions F+W à Emmen de 1972 à 1974.

La Force Aérienne Suisse utilisa 70 appareils qui furent immatriculés de V-201 à V-284. Les missions des Alouettes III sont le transport des personnes, de charges extérieures,  la lutte contre les incendies et le sauvetage. Au début de 2003  : 10 appareils  de ce type ont été perdus par accident.

Le V-261 au parking, sur la palette le filet qui sert à emporter des charges .... filet que ce mécanicien accroche au crochet de l'élingue

      Une autre vue de l' alouette III V-261                Une Alouette III démontre ses capacités de treuillage, 

                                                                         on remarque les skis et l'élingue en position haute 

SUPER-PUMA AS M1

Sud Aviation devenu Aérospatiale proposa  en 1987 aux Forces Aériennes Suisses un hélicoptère de dimension moyenne mais possédant des capacités d'emport et de navigation adaptée aux besoins spécifiques de ce pays . Le Super-Puma est propulsé par  2 turbomoteurs  d'une puissance  de 2 370 kW unitaire, il possède les équipements pour  le vol sans visibilité,  des skis, des brancards et une élingue pour les charges externes ainsi qu' un  treuil de sauvetage. Après l'acquisition de 3 appareils afin d'évaluation et l'adaptation des moyens en hommes et matériels , la Suisse passa commande de 12 autres Super-Puma en 1991, commande complétée par un autre lot de 12 appareils en 2000. Ces appareils reçurent les immatriculation  T-311 à T-313 et T-314 à T-325. Le Super-Puma est piloté par 2 pilotes  afin d'effectuer des missions de transport, de sauvetage et aide en cas de catastrophe.  Sa charge utile est de 17 passagers ou 4 tonnes de charge extérieure.

Le Super- Puma T-314 après une démonstration en vol rentre par ses  propres moyens au parking

DORNIER Do 27 

Après la seconde guerre mondiale Claude Dornier continua son activité aéronautique en Espagne , après l'essai du Dornier 25 le 25 juin 1954 - un avion léger de liaison et d'observation à aile haute - Claude Dornier développa le Do 27 qui fut adopté par l' Allemagne pour  son armée de terre  , son aviation et sa marine pour par moins de 469 exemplaires . Le premier vol du Do 27 fut effectué le 17 Octobre 1956 sous l'immatriculation  D-EKER - alors que sa conception avait été effectuée en Espagne ! 

Le nombre de Do 27 produit est de 624 exemplaires dont 50 exemplaires construits par la firme espagnole CASA sous la désignation  C.127 et un dernier exemplaire en 1976. Le nombre de variantes est à la hauteur de ce chiffre .Notons les versions S1 et S2 équipées de flotteurs et la version T1 propulsé par un  turbomoteur Turboméca Astazou.

Dans les Années 1958-59 , les Forces Aériennes Suisses acquirent 7 Dornier Do 27 afin de remplacer les Messerschmitt Bf 108 Taifun et Fieseler Storch ,ils reçurent les immatriculations V-601 à V-607. Le Dornier Do 27  V-603 a subit des dommages irréparables  lors d'un atterrissage forcé. Les Dorniers Do 27 V-602 et V-604 à 606 ont été vendus à des utilisateurs civils .Seuls les V-601 et V-607 étaient en service en 1997.Ces appareils au sein des Forces Aériennes suisses avaient pour missions le transport et la reconnaissance.

Un Dornier Do 27 V-607 , un des dernier aux couleurs des Forces Aériennes suisses

PILATUS  TURBOPORTER PC-6

Le PC-6, construit par la fameuse société Pilatus SA à Stans, est de construction robuste, ses qualités de décollage et d'atterrissage courts (ADAC)  lui permet d'être employé sur des terrains d'atterrissage sommaires. Les  premiers Pilatus Turboporter des Forces Aériennes suisses, PC-6 sont les cellules des 6 appareils acquis en version à moteur à pistons puis re-motorisés avec un turbomoteur  Pratt & Whitney PT A-27  de 550 CV .12 autres appareils sont des versions turbo d'origine et furent construits entre 1975 et 1980. La version re-motorisée reçut les immatriculations V-630 à V-635 et les modèles turbo reçurent les immatriculations V-612 à V-623.Leurs missions sont le transport, la liaison, la lutte contre les incendies de forêts, le sauvetage et le parachutage. En version transport  le Turboporter PC-6  a un équipage d'un piloteet d'un co-pilote et transporte 6 passagers à son bord par ailleurs sa charge utile est de 1 440 kg. Le Pilatus Turboporter est équipé pour le vol sans visibilité et le vol de nuit.

les Turboporter PC-6  , V-614, V-615 et V-632 en vol et au sol, le V-632 porte un camouflage et sert dans les forces spéciales

HAWKER HUNTER Mk58

La présence lors de notre visite de ce Hawker Hunter ainsi que d'autres Hunter servant aux apprentis méritent que l'on retrace l'histoire de cet appareil qui servit au sein des Forces suisses durant 36 ans ! car en  1995 dans le cadre de la réforme Armée 95, les Hunter Mk 58 ont été retirés du service actif. 

Un peu d' histoire : à la fin des années 50 Le Hunter Mk6 fut mis en concurrence avec le F 86 Sabre afin de remplacer le DH 100 Vampire et le DH 112 Venom .Le 29 janvier 1958 , le parlement décida l'acquisition de 100 avions Hunter pour un prix de 315 millions de francs de l' époque. La réception des appareils dura 2 mois et équipèrent 5 escadrilles. Leurs missions étaient aussi bien le combat aérien que l'attaque au sol. En 1970 après évaluation du Mirage Milan et du Corsair II A-7 , le conseil fédéral décida d'acheter à la firme Hawker Aircraft Ltd 30 Hunter monoplaces et 8 biplaces d'occasion, révisés par le constructeur et remontés en Suisse. Lors du montage, ces appareils modifiés et modernisés reçurent la dénomination  Hunter Mk 58.De 1975 à 1991 , les Hawker Hunter subirent d'importantes modifications et servirent dans neuf escadrilles et une escadrille spéciale ainsi qu'au sein de la patrouille acrobatique suisse. Après l'entrée du Tiger , les Hunter furent cantonnés à des missions d'appui et de bombardement. 

Le 16 décembre 1994 , le dernier vol fut effectué à bord du premier Hunter J-4001 et remis au Musée de l' aviation à Dübendorf .Pendant ces 36 années d'utilisation, les Hunter totalisèrent quelques 310 000 heures de vol.160 Hawker Hunter furent acquis, 28 furent perdus, causant la mort de 15 pilotes, 13 autres purent s'éjecter. Un autre avion fut détruit au sol par un incendie, au cours de travaux d'entretien. Les 70 Hawker Hunter Mk 58 restants furent remis à des musées à des associations ou recyclés conformément à la loi concernant l'exportation du matériel de guerre.

Le Hawker Hunter Mk 58 J-4003

MIRAGE III DS 

Le Mirage III DS fut acquis en 1964 à 4 exemplaires , ces appareils biplaces destinés à l'instruction étaient à l'origine dépourvu d'armements externes , 2 appareils furent perdus et remplacés par des biplaces venant de l' Armée de l' Air Française. La flotte des biplaces  - dont les dates de construction s'étalent sur les années 1964,1970 et 1983-  subit des modifications de standardisation et les appareils ont été modifiés afin de tirer des missiles. Les immatriculations furent: J-2001 à J-2004, J-2011 et J-2012 

MIRAGE III RS

Les mirage III RS furent acquis en même temps que le Mirage III S , visiblement inspiré par la version du Mirage III R de l'armée de l' Air Française , cette version dispose de caméras embarquées dans le nez et un scanner infrarouge (pod centerline). La Flotte de Mirage III RS est de 18 appareils développé par Marcel DASSAULT  en 1965 et  construit sous licence  en 1967 par: F + W Emmen, Pilatus AG et  FFA . La flotte de Mirage III RS a subit des travaux de modernisation , les plus notables sont la peinture de camouflage et les ailerons situés à l'avant du fuselage (plans canard).Les immatriculations sont de R-2101 à R-2118

                      Un Mirage III DS J-2011                                                          Mise en place du parachute frein sur un Mirage III RS R-2106

Mécaniciens et armuriers préparent les Mirage III RS 

MIRAGE III S

En Suisse le Mirage est symbole de scandale , l'achat de cet appareil ébranla le département militaire suisse entraînant la démission du commandant des troupes d'aviation et de DCA et un dépassement du budget de 66 % et donc la réduction de la commande prévue de 100 à 57 appareils. Aujourd'hui les relents de scandale ont disparu, reste l' historique d'un avion mythique qui fit bien plus que ses preuves au sein des Forces Aériennes Suisses. 

A la fin des années 1950, si une centaine de Hawker Hunter équipent la Suisse , certains ne manquent pas de noter l'absence d'un avion de combat à hautes performances.5 avions vont se confronter durant les évaluations dans les années 1958 et 1959 :  le Saab Draken, le Lockheed Starfighter, le Grumman Supertiger, le Dassault Mirage lll  et le Fiat G-91.A la fin  de cette évaluation reste le Supertiger : favori mais trop cher et ainsi le Mirage lll sera finalement choisi. Voici quelques raisons: la cellule et le réacteur seront construits sous licence, les unités de mesures sont identiques et l'absence de problèmes de traduction et pour conclure le tout :  l'Armée de l' Air Française a décidé d'acheter le Mirage III en grand nombre.

Un Mirage III C  "J-2201" servira de banc d'essai et 2 biplaces III BS serviront pour la transformation des premiers pilotes. Mais  comme dit plus haut : les crédits alloués à l'achat du Mirage sont dépassés de 66 %. Ce dépassement est du  - entre autres - au montage du radar de conduite de tir et de navigation américain "Taran", la fabrication sous licence s'avère plus cher et les équipements spécifiques à cette version font grimper le prix unitaire initialement prévu. Les révocations et les réorganisations des instances dirigeantes militaires et civiles se succèdent.

En 1967  l'escadrille d'aviation 17 de l'escadre de surveillance devient la première escadrille Mirage en Suisse. Un simulateur de vol destiné à la formation des pilotes est mis en service à Payerne, le SIMIR. Le Mirage III S peut être équipé de 8 fusées  type JATO  permettant un décollage en moins de 300 m . Une fusée d'appoint SEPR à combustible liquide intégrée au fuselage augmente l'accélération dans les phases d'interception. Le Mirage est équipé de deux missiles HM-55S "Falcon", deux Sidewinder et de deux canons de 30 mm.

En 1969 tous les Mirage III S sont livrés et tous les Mirage III RS seront livrés l'année suivante. Sur les 61 appareils acquis par la Suisse, l'aviation suisse connaîtra 10 pertes de Mirage sur 35 ans de vie opérationnelle. 

Interdit en Suisse les pilotes pourront s'entraîner au combat aérien supersonique en Suède et en Sardaigne.

La flotte des Mirage subira de nombreux chantiers de modernisation et les plus notables sont le camouflage gris mat, les plans canards, un siège éjectable modernisé et un dispositif de largage de leurres infrarouge et électromagnétiques.

Le Mirage disparaîtra de l'inventaire à partir de 1997 avec l'arrivée du F/A-18 Hornet, les 29 Mirage III S  restants seront retirés en 1999 et les Mirage III RS  attendent un remplaçant .... sans doute un F/A-18 équipés de pods de reconnaissance ?

                       Démonstration des manutentions au sol par les apprentis sous les yeux attentifs des familles et des formateurs

PILATUS PC-7

Un autre produit de la firme Pilatus AG à Stans. Le PC-7 est  un Turbo-Trainer  - l'appareil est équipé d'un turbopropulseur  Pratt & Whitney PT 6A de 550 CV - . Le PC-7 est un biplace en tandem disposant d'une double commande, d'un équipement pour le vol sans visibilité et d'un train d'atterrissage escamotable. Le Pilatus PC-7 est utilisé comme avion de formation de base, pour l'entraînement au vol sans visibilité et à la voltige aérienne. Les PC-7 sont utilisés par les écoles de pilotes des Forces Aériennes suisses. 40  Pilatus PC-7,  immatriculés A-902 à  A-941 sont utilisés depuis 1982

Pas moins de 10 Pilatus PC-7 firent une démonstration de vol en formation au-dessus de Payerne

Ce qui n'empêcha pas le moniteur et l'élève du Pilatus  A-912 d'effectuer un vol d'entraînement sur une autre zone

NORTHROP TIGER II/F-5E

Le Tiger est un appareil important non seulement par ses qualités mais aussi par la quantité d'avions acquis pars les forces aériennes suisses - pas moins de 110 exemplaires -. Le Tiger fut choisi afin de remplacer le Venom et afin  d'assumer des missions de couverture aérienne - Le Hawker Hunter assurant des missions de chasse-bombardement. En 1976, le choix se porta sur le Northrop Tiger II/F-5E avec la commande de 66 F-5E -monoplaces- et 6 de type F-5F -biplaces- le montage final s'effectuant dans les usines de la Fabrique fédérale d'avions à Emmen. Les biplaces F-5F sont destinés à l'instruction et aux vols de transition. Les monoplaces sont affectés aux escadrilles ayant pour missions le combat aérien. Leur armement est composé de canons de 20 mm et de missiles à tête chercheuse infrarouge. Les Forces Aériennes Suisses ayant trouvé cet appareil adapté à leurs besoins, le parlement décida en 1981, de procéder à l'achat  de 38 appareils nouveaux, cette commande se décomposa de  32 monoplaces et de 6 biplaces, le montage s'effectua dans les mêmes conditions que la première commande. Le dernier Tiger fut livré en escadrille durant l'année 1984. Cet appareil équipe - sous une magnifique livrée - la patrouille acrobatique suisse. Le Tiger est équipé de 2 réacteurs  J85-GE-21A et possède une autonomie maximale de 2 heures de vol , ils reçurent les immatriculations :  J-3001 à J-3098 

Le Tiger J-3057 porte sur son nez les traces des campagnes de tir en Sardaigne et en Corse 

Les Tiger de la patrouille acrobatique suisse 

LE F/A-18 HORNET

Le choix du F/A-18 Hornet est du à ses capacités de vol exceptionnelles. Conçu comme un avion de porte-avions : son temps de réaction depuis les hangars souterrains est de moins d'une minute, il accélère vite et décolle sur les pistes courtes des bases aériennes suisses et atteint une vitesse supersonique en quelques secondes et sa manœuvrabilité en combat aérien est très efficace dans les vallées étroites et au-dessus des montagnes alpines.

De 1996 à 1999, les Hornet sortent des halls d'assemblage à Emmen. L' escadrille 17 sera la première opérationnelle sur le F/A-18 en juin 1997, suivie par l'escadrille 18 en 1998. L'escadrille 11 basée à Dübendorf, deviendra opérationnelle en 1999. Ces trois escadrilles font partie de l'Escadre de surveillance. L'instruction  d'un pilote de F/A-18 Hornet se déroule sur 2 périodes de six mois , le pilote doit d'abord assimiler le fonctionnement des systèmes de l'avion, le combat aérien en simulateur et en vol avec des interceptions à l'aide du radar de bord et des attaques au sol. Après cette formation initiale, le pilote devra suivre durant six mois supplémentaires afin de se perfectionner à la navigation autonome, l'interception et l'identification sans conduite au sol ainsi que le combat simultané contre plusieurs objectifs.

 D'une longueur de 17 mètres et une envergure de 12 mètres du Hornet  dépasse largement les dimensions du Tiger

Le F/A-18 Hornet  biplace J-5232 

Le F/A-18 Hornet  monoplace J-5002

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