Deuxiéme partie
Confronté
aux prémices des guerres coloniales, la Força Aéra Portuguesa ( FAP)
cherchait un avion capable de remplacer les Republic F-84
vieillissants et mal adaptés à un
conflit de ce type. Seuls les North American
F-86 ( fournis sous contrat MDAP) pouvaient
constituer une arme efficace, mais l’OTAN
et les United Nations (UN) interdirent aux
autorités portugaises l’emploi des F-86 ( fournis sous contrat MDAP ) dans un
théâtre d’opération autre que celui de l’Europe.
Dans
sa recherche d’un appareil disponible et utilisable rapidement, le Portugal
passa un accord avec l’Allemagne
pour la fourniture d’un certain nombre de Canadair CL-13B Sabre 6
déclarés surplus par la
Luftwaffe. L’évaluation du Sabre 6 fut
confiée au Major Orlando José Saraiva Gomes Do Amaral, après une évaluation
poussée, celui ci conclut que cet appareil et surtout son moteur n’étaient
pas adaptés aux conflits dans les colonies portugaises.
Blason de la Force Esquadra 121 tigres Esquadra 502 Jaguares Esquadra 702 Esquadra 301 Jaguares Esquadra 303
Aérienne Portugaise Bissalanca Nacala Escorpioes à Tete Montijo Tigres à Lages
Malgré
l’avis négatif du major… un premier groupe de mécaniciens et de pilotes
arrivèrent en Allemagne. Entre-temps les autorités militaires allemandes changèrent
d’avis et proposèrent à la place des Sabres les Fiat G.91. De nouveau
mis à contribution le Major
Orlando José Saraiva Gomes Do Amaral eut
en tout et pour 3 heures afin d’évaluer ce nouvel appareil. Après son avis
favorable, il fut désigné d’office afin de prendre en main le premier
contingent de pilotes et mécaniciens a être transformés sur les Fiat.
Malgré
l’avis positif du Major, la comparaison avec le Sabre 6 était défavorable, même
si Le Fiat avait pour lui l’avantage d’utiliser des Colt Browning calibre
12,7 mm ( munition fabriquée au
Portugal pour d’autres appareils ), sa capacité de reconnaissance
rapide grâce à son nez Reco, sa capacité de frappe
rapide avec un taux de montée convenable (30,5 m/sec)
et une vitesse maximale appréciable
1 086 km/h, un rayon de combat de 315 km, une charge militaire de 908 kg Par
contre le Fiat ne disposait pas de radar de tir. De nombreux pilotes de la FAP
ne virent pas d’un bon œil l’arrivée de ce nouvel appareil, opinion qui évolua
quand ils se rendirent compte que le Fiat pouvait ramener son pilote même après
des dégâts importants au combat ou durant l’entraînement.
Huit
pilotes de F-86 de l’Esquadra 51 de la Base Aérienne 5
de Monte Real furent transformés sur Fiat G.91 à Leipheim au sein
de la Waffenschule 50 en Allemagne. Les premiers
appareils Fiat G.91 de la version R/4
( version initialement destinée aux Grecs et aux Turcs ) arrivent aux
ateliers aéronautiques portugais de l’OGMA ( Oficinas Gerais de Material
Aeronautico ) à Alverca le 4 décembre 1965, ceci afin de recevoir les marques
de la FAP , subir une inspection et divers essais habituels afin de les intégrer
à la FAP .Ces premiers appareils reçurent les numéros FAP
5401 à 5440.
Schémas de camouflage adoptés successivement en Afrique
La
gueule de requin
(
Document : Mais Alto www.emfa.pt
, Photo :
OGMA )
Appareils
et pilotes furent affectés sur la Base Aérienne N° 5
au sein de l ‘Esquadra 51de Monte Real
au début de 1966. Cette Esquadra 51 était une unité spécialement crée
dans l’urgence afin de transformer sur Fiat G.91 et former les pilotes à réactions
(ex-F-86) pour la lutte anti-guérilla; les menaces
belliqueuses se précipitant dans les colonies portugaises.
Le
détachement des Fiat était initialement prévu afin d être détaché sur le
territoire du Mozambique. Mais néccessité fait loi : les appareils furent
envoyés en Guinée Bissau où arrivaient du matériel et des hommes formés et
équipées par les conseillers soviétiques pour le mouvement des guérilleros
du PAIGC d’ Almicar Cabral.
La
Base aérienne N° 12 de Bissalanca reçut un premier détachement de 8
appareils formant l’ Esquadra 121 « tigres « sous les ordres du
Major Armando Santos Moreira au printemps 1966, leur mission était l’appui
feu lourd sur une superficie de 32 000 Km².
L’
Esquadra 121 s’intégrait au Grupo Operacional 1201 qui devaient disposés de
T-6 « s roncos « de Dornier 27 « As cafeteiras « ,
ces derniers constituant l ‘Esquadra 123 , les Nord 2501et 2502
et Douglas C-47 devant constitué une unité à part comme les alouette
III qui devaient constituer l’ Esquadra 122 « os canibais « .
Le
Fiat G.91 R/4 N° 5407
Sur la BA 5 : 2 Fiat aux mains
Un des premiers à partir pour la Guinée
des mécaniciens
(
Photos OGMA )
Les
avions arrivèrent dans la livrée OTAN et
symbole du moral des troupes de la FAP, lors de la mise en condition des
appareils, les peintres décorèrent les appareils d’une gueule de requin et
de l’insigne de l’unité surdimensionné ! .
Les
configurations comprenaient 2
bidons de 300 litres de napalm et 8
roquettes de 70 mm, ou 6 bombes de 45 kg, ou 2 bombes de 200 kg
y compris les mitrailleuses de 12,7 mm, ces configurations étant des
exemples ; Le tout était de ne pas dépasser les facteurs de charge de +5g
et –2g.Les Fiat qui étaient des chasseurs de jour intervinrent durant les
nuits du 9 au 12 août 1966 en protection des C-47 ! . Les avions
d’alerte devaient décoller en moins de 2 mi.utes, ce qui faisait 13 minutes
pour atteindre le bastion des forces ennemies détenu par le PAIGC.
Extrait
d’un film de reconnaissance sur une position antiaérienne , on aperçoit
l’ombre du Fiat G.91 R/4
Une
position antiaérienne du PAIGC, prise en photo à gauche -
opérationnelle - et à droite – détruite - par les mêmes Fiat G.91
R/4
(
Documents FAP www.emfa.pt
)
Le
24 avril 1968 durant l’opération « Bola
de Fogo « c’est à dire boule de feu
les Fiat durent faire face à deux Mig 17 qui disparurent rapidement des
cieux sans combattre. Néanmoins cette possible et probable
présence aérienne adverse eut pour conséquence l’équipement des
Fiat en missiles air/air AIM-9 Sidewinder …qui ne furent jamais utilisés, la
menace aérienne ennemie n’ayant plus renouvelé son activité.
Les
Fiat agissaient de concert avec les Douglas C-47 et T-6, ainsi
les 19 et 20 décembre 1966 5 930 kg de charges diverses furent délivrés
sur les sites ennemis.
Configuration
de combat typique anti-guérilla
3 Fiat attendent pilotes et missions
2 bidons de kéro + 4 bombes
de 45 Kg
(
Photos OGMA )
Un
Fiat à l’atterrissage sur une base en Afrique
(
Photo MAIS ALTO , www.emfa.pt
)
Le
22 février 1967 le Fiat G.91 du
Major Santos Moreira fut détruit par l’explosion prématurée des bombes, le
pilote s’en sorti indemne. Le Fiat FAP 5411 fut détruit par la DCA ennemi en
1968, son pilote, le Lieutenant
Colonel Costa Gomes – commandant du G.O. 1201- s’éjecta et s’en sorti
indemne.
En
avril 1969, le contingent de 8 Fiat du début atteignit 12 appareils, le nombre
d’heures de vols de guerre atteignit 2 250 heures en 1970.
Le
25 mars1973 le Fiat G.91 FAP 5413, piloté par le Lieutenant Cardoso Pessoa fut
atteint par un missile SAM 7 Strella, le pilote s ‘éjecta avec succès
et fut recueilli le lendemain par une Alouette III.
Le
28 mars 1973, le Fiat FAP 5419 fut atteint par un SAM 7 entraînant la mort du
commandant du G.O. 1201 : le Lieutenant Colonel José Fernando de Almeida
Brito.
La
réaction portugaise fut de faire évoluer ses appareils sous
1 000 pieds et d’attaquer à très basse altitude, autre réaction, le
camouflage OTAN, remplacé par une peinture gris clair ( afin d’atténuer la
chaleur tropicale ) dans un premier lieu fut lui-même remplacé par une
peinture anti radiation vert olive. Par ailleurs les pilotes durent s’entraîner
à des procédures d’évasions en cas de tir et adoptèrent une mesure
simple : celle d’ouvrir les yeux !
Afin d’observer les départs très visibles de ce type de missiles. Ces
mesures simples furent efficaces car malgré le tir d’un millier de SAM-7
seuls cinq appareils furent détruits.
La
révolution des œillets au Portugal le 25 avril 1974 mit fin à
la présence des Fiat en
Guinée Bissau qui avait duré 8 ans et totalisait
14 000 heures de vol.
(
Photo OGMA )
Les
Fiat G.91 allaient intervenir sur le territoire du Mozambique à partir de l’Aérodrome
Base AB5 à Nacala
, cet aérodrome base dépendait de la BA10 Beira et comprenait pas moins
de 3 Aérodrome Base (AB) et
7 Aérodromes de Manœuvre (AM.Les 8 appareils arrivèrent en containers
et furent remontés sur la BA10 Beira entre le 25 et 31 décembre 1968 –
joyeuses fêtes de fin d’année ! - puis transférés sur l’AB5 le mois
d’après. Ces 8 appareils allaient constituer l ‘ Esquadra 502 «Jaguares »
sous le commandement du Capitaine Fernandes. Cette Esquadra
allait rejoindre l ‘Esquadra 501 « Tigres » équipé des
omniprésents T6 et des Dornier 27 et l ‘Esquadra 503
« Indios « afin de constituer le Grupo Operacional 5001.
La
mission était la même qu’en Guinée Bissau – seule différence la
superficie du territoire à couvrir ! exactement un fois et demi la
superficie de la France ! 785 000 km², pour un total de 16 Fiat G.91 au
maximum ! .
Débarquement
d’ un Fiat depuis un Noratlas
Exposition des charges militaires
(
Photos OGMA )
En
septembre 1970, ce premier détachement fut suivi par 8 Fiat
G.91 R/4 de plus qui allaient constituer l’ Esquadra 702 «
Escorpioes « sous le commandement du Capitaine Azabuja sur l’AB7 de Tete.
Comme à l’habitude portugaise cette Esquadra
allait constituer le Grupo Operacional 7001 avec l’ Esquadra 701
« Moscordos « équipé de T6 , Dornier 27 et Cessna 185 et l’
Esquadra 703 « vampiros « équipé d’ Alouette III rejoints par
des Puma.
Le
schéma de camouflage des deux Esquadras de Fiat.G.91 suivi celui du groupe de
Guinée Bissau, ce schéma passa des couleurs OTAN au schéma gris clair puis
quelques appareils furent peints en vert olive. Les missions étaient
l’attaque au sol des positions du FRELIMO avant l’attaque héliporté. En
voici le détail suivant la nomenclature militaire portugaise
-Missions
ATIP : bombardements des bases du FRELIMO avant l’assaut héliporté
-Missions
ATIR : reconnaissance armée
-Missions
RFOT : reconnaissance photographique et à vue
-Missions
CAS/ATAP : appui rapproché au profit de l’armée de terre ( Exercito) et
destruction des armes anti-aériennes
Les
appareils furent détachés sur tout le territoire du Mozambique afin de réduire
le temps de réaction et de ne laisser aucune portion du territoire sans
couverture aérienne. Toutes les bases militaires ou civiles pouvant recevoir
des avions à réactions étaient mis à contribution, ce qui n’allait pas
sans problèmes du point de vue sécurité car le FRELIMO n’hésita pas à
attaquer avec des mortiers et de l’artillerie ces détachements, L Aérodrome
de Manœuvre 51 à Mueda fut attaqué à plusieurs reprises. En 1974, le FRELIMO
effectua une attaque spectaculaire sur
L’AB 10 incendiant les dépôts
d’essence.
Pendant
que les mécanos démarrent les Fiat
les
dépôts d’essence brûlent en arrière plan !
(
Photo OGMA )
A
noter l’emploi du container Reco en pylône avec une caméra K-20 qui
permettait la prise d’images par delà les frontières du Mozambique. Ces
reconnaissances permirent une cartographie détaillée des régions limitrophes
de la colonie surtout la Zambie – sanctuaire du FRELIMO- comprenant les bases
d’entraînement et leur quartier général.
Comme
en Guinée Bissau le FRELIMO disposa de SAM-7 mais d’une version améliorée
durant l’année 1973.Une patrouille composée du Major Costa Joaquim et du
Lieutenant Macario détectèrent
les premiers tirs ! Le 15 mars 1973, une explosion prématurée d’une bombe
provoqua la destruction du Fiat FAP 5429 et la mort du Lieutenant
Emilio Lourenço. Trois Fiat G.91 furent transportés par un Boeing 707
de la FAP afin de remplacer les appareils détruits ou endommagés.
La
révolution du 25 avril 1974 mit fin aux actions anti-guérilla et les avions de
l’Esquadra 502 restant furent rapatriés par la voie maritime, l’Esquadra
702 furent transférés de l’AB7 Tete puis à l’AB5 à Nacada avant d’être
démontés et envoyés dans deux avions Boeing 707 avec
les pilotes et mécaniciens, non au Portugal – comme espéré - mai3 en
Angola sur la BA9 afin d’intégrer l’Esquadra 93.Ce séjour était motivé
par l’instabilité du pays en phase d’accession à l’indépendance. Les missions
furent essentiellement des patrouilles aériennes ainsi que quelques exhibitions
devant le public sur les aéroports de Luanda et Benguela. La seule mission opérationnelle
fut effectuée afin de dissuader quelques individus armés- d’origine zaïroise
- d’envahir l’enclave angolaise
de Cabinda riche en pétrole.
En
janvier 1975 les appareils de l’Esquadra 93 furent tous rapatriés en métropole,
après 30 000 heures de vol et 13 000 sorties opérationnelles sous les
cieux africains ! .
Un
Fiat de retour d’ Outremer n’a pas encore reçu
son
camouflage OTAN centre Europe
(
Photo MAIS ALTO , www.emfa.pt
)
Dossier
: le FIAT G.91 Gina dans la Force Aérienne Portugaise
Un avion pour l' Otan? Affaires Africaines Sous les couleurs du tigre
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